Mutinerie dramatique à la maison centrale de Saint Maur
Commune de Saint-Maur
Jeudi 12 vers 17h00 et vendredi 13 Novembre 1987
Le jeudi 12 novembre, une mutinerie s’est déclenchée à la maison centrale de Saint-Maur qui accueillait 407 détenus. Le directeur et 12 gardiens sont pris en otage. Pendant ce temps, d’autres mutins mettent le feu dans l’ensemble de la centrale, provoquant des dégâts considérables.
Rappel des Faits :
Mardi 10 Novembre à 13h30, trois détenus « caïds » prennent la clé des champs en enfonçant trois portes avec un camion poubelle. Les autres détenus ayant assisté à la scène, tous condamnés à de longues peines, crient de joie dans les couloirs après ce magistral pied de nez à l’administration pénitentiaire. En effet, lors de son inauguration, cette nouvelle centrale avait été cataloguée comme « inviolable ». Après cette évasion, les prisonniers font monter une chaude ambiance dans les couloirs.
Mercredi 11 Novembre, un détenu, pour protester pour un problème de cantine grimpe dans un arbre. La direction de l’établissement fait scier l’arbre pour s’emparer du prisonnier. La tension dans la prison monte graduellement et devient inquiétante pour les gardiens.
Jeudi 12 Novembre,200
Vers 17h00, des inspecteurs de la SRPJ d’Orléans viennent enquêter sur les conditions d’évasion des trois détenus du mardi 10 novembre et viennent procéder à une perquisition dans les cellules des fugitifs. Pour une raison futile, un mouvement de grogne éclate puis tout va très vite. Le «pétard» de Saint-Maur est allumé. Le directeur et douze membres du personnel, surveillants et enseignants, sont neutralisés. Des incendies sont allumés un peu partout dans la prison et provoquent des explosions.
Les secours sapeurs-pompiers, SAMU, forces de Gendarmerie et de Police sont immédiatement demandés pour assurer la sécurité et préserver les biens. Les sapeurs-pompiers interviendront avec des gros moyens de lutte contre l’incendie (plusieurs engins pompes, grandes échelles, camion grue, VSAB,) pour éteindre les incendies et soigner les blessés. Malheureusement, pour des raisons de sécurité, ils resteront bloqués à l’extérieur de l’enceinte pénitentiaire, et surveilleront dans un climat d’impuissance, les énormes volutes de fumée qui s’échappent de l’intérieur des bâtiments. De plus, des rumeurs circulent que des gardiens et mutins sont gravement blessés à l’intérieur des bâtiments et que de nombreux murs sont tachés de sang.
A 19h30, Le ministre de la Sécurité publique, sur ordre du Ministre de l’Intérieur, arrive sur place dans la nuit de jeudi à vendredi, mille hommes, gendarmes, policiers, sont regroupés sur le terre-plein prêt à donner l’assaut. On est alors sans nouvelle des treize otages et d’un dangereux terroriste, chef des factions armées révolutionnaires qui purge une peine de réclusion à vie pour actes de terrorisme.
Vendredi 13 novembre
Les contacts établis par le Préfet et le patron du GIGN se soldent par un échec. Vers 6h00, le ministre de l’Intérieur , le ministre de la sécurité publique et le Préfet demandent à un journaliste présent sur les lieux, d’accepter une mission de médiation auprès des révoltés. Les négociations débutent à 7 h00. La base du dialogue réside en une « reddition dans l’honneur ». Une heure plus tard, le directeur et les douze gardiens pris en otage sont libérés quant au prisonnier dangereux, il se rendra et sera évacué vers une autre maison d’arrêt par hélicoptère.
Les sapeurs-pompiers et les équipes médicales interviendront dès que l’ensemble des prisonniers sera encadré par les forces de gendarmerie et que les accès seront sécurisés.
La maison centrale de Saint-Maur est mutilée, outragée, son personnel est profondément choqué.
Les nombreux incendies seront rapidement éteints et les blessés, heureusement sans gravité, seront évacués.
Le bilan
Le bilan humain est quasi insignifiant. Le bilan matériel est catastrophique puisque l’on parle de plus de 100 millions de dégâts. De l’extérieur, on ne voit pas grand-chose, il y a peu de dégâts aux cellules. Ce n’est pas le cas pour les ateliers, les cuisines, les lingeries, salles de détente et de jeux entièrement détruits par le feu. Plus de central téléphonique, plus d’électricité, tout est dévasté, saccagé.